P’tits ch’mins de traverse… vers e4

Laurence Gros, Animatrice et Présidente de Le Petit Echiquier

Ma rencontre avec le jeu d’échecs

Ce ne fut pas un coup de foudre, cette première rencontre avec le jeu d’échecs.

Convaincue, vers l’âge de 10 ans, d’être anti-douée, parce que seul l’échiquier électronique voulait bien jouer avec/contre moi (et qu’il me matait en quelques coups…), j’ai très vite offert mon unique adversaire à mon petit frère…

Fin de ma relation enfantine avec tous ces petits personnages inertes et vides de sens qui me voulaient du mal.

Mon parcours échiquéen

… Puis j’ai eu trente ans, de nouveaux amis, tous joueurs amateurs. L’un d’eux organisait, chaque mercredi, une soirée « échecs ». Bonne musique, bon vin… quatre ou cinq parties « rapides », un classement elo (fictif) à l’appui… une mini compétition… avec remise de prix en bonne et due forme : de la cuillère de bois à la superbe coupe en coquillages… J’ai alors redécouvert les échecs, dans ce club underground où le noble jeu occupait la place centrale de nos soirées toujours festives… il ne s’agissait plus, pour moi, de savoir si j’étais douée ou pas… dans un cas comme dans l’autre, il me plaisait de progresser, d’ouvrir quelques bouquins, de jouer et surtout de m’amuser.

Depuis 2010, je participe à quelques compétitions officielles : les tournois du Cap d’Adge et celui de Dieppe furent longtemps les chouchous de notre fine équipe.

Pourquoi ai-je détesté ce jeu à dix ans ? Pourquoi l’ai-je aimé à trente ? Au point de l’enseigner !? Plein d’autres questions encore… quelques débuts de réponses qui m’ont conduites à créer, avec Christophe Decrombecque et Marie-Christine Amata, et avec le soutien d’animateurs et d’amis, Le Petit Echiquier, en 2008… Un Club affilié FFE… exclusivement pour les enfants.

Le Petit Echiquier est un Club « Loisirs ». Mon équipe et moi parcourons les écoles et retrouvons chaque semaine les enfants inscrits dans nos ateliers.

Nous organisons des tournois inter-établissements (homologués ou pas) et des stages. La compétition est un moyen, pour nous, de stimuler la motivation des enfants, d’approfondir leur apprentissage, mais ne deviendra jamais une fin en soi.

Depuis quinze ans, nous réfléchissons à une pédagogie que nous tentons d’affiner chaque jour, chaque nouvelle année qui commence. Il s’agit, selon nous, de présenter le jeu d’échecs de façon ludique et attractive, de l’enseigner de manière rigoureuse et amusante. La forme se doit d’être stimulante, vivante. Le fond, lui, est mûrement réfléchi, adapté à chaque groupe, selon l’âge des enfants, leur niveau, leurs ambitions. Notre souhait est de les élever le plus haut possible. Là où ils ne se seraient jamais crus capables de grimper.

Image, montage : Thomas Breton

Mon parcours professionnel

Cinq années dans la pub et l’évènementiel, puis une rencontre qui a définitivement mis un terme à ma sédentarité professionnelle : le théâtre, la mise en scène, le jeu de l’acteur…

Quelques spectacles joués à Paris… Vian, Prévert, Zweig, Dostoïevski… Beaucoup de travail et d’investissement personnel, de la conception à la réalisation de chacun de ces projets : « on était jeune, on était fou » … beaucoup d’émotion aussi… « et nous vivions de l’air du temps ».

La bohème toujours, lorsque j’ai attrapé ma première plume… Ecrire : un premier manuscrit (quelques extraits publiés dans Parole d’enfance – Radio-France), puis des articles commandés, des piges…

Il me semble évident que ce parcours, un peu atypique et au sens incertain m’a amené, à ce que j’ai entrepris auprès d’enfants et d’adolescents un peu particuliers.

Des chemins de traverse, un parcours chaotique, sans véritable perspective d’avenir… c’est le cas de nombreux enfants dits « en difficulté » … Le rebelle, le nul en math, le dyslexique (et tous les dys…), celui qui rencontre des difficultés familiales, celui chez qui l’on a diagnostiqué des troubles du comportement, des « originalités » psychiatriques… tous ceux qui cherchent leur place, le regard bienveillant de l’adulte, certains déjà bien trop persuadés de la vacuité de leur existence…

Quinze ans d’expérience pour affirmer, avec des preuves à l’appui, que l’on peut obtenir des résultats spectaculaires auprès de ces enfants. Le jeu d’échecs comme un refuge, une réponse à leurs questions, à leurs doutes… Même si, bien sûr, on ne peut pas résoudre tous les problèmes de chacun sur seulement 64 cases… nous avons repéré, chez eux, un enthousiasme et une volonté rares de comprendre, de progresser.

Image : un peu tout le monde – un de mes premiers montages

Il existe, dans des endroits insoupçonnés, des mines de petits talents à qui nous pourrions apporter bien plus qu’une simple activité échiquéenne.

Les enfants, si nous les aidons, ils nous aideront aussi… reconnaissants et ambitieux, ils seront !

Aidez vos pièces, elles vous aideront !

Paul Morphy

Tout naturellement aussi, que je suis arrivée à immortaliser les bons moments lors de nos stages, tournois… Photos ou vidéos.

Grand merci à Thomas Breton pour m’avoir initiée à l’Image…